La vie est un partage permanent, un échange relationnel constant, à la recherche d’un équilibre. Nous avons pourtant trop souvent été éduqués avec cet élan de générosité pour les autres, cette abnégation, ce « don de soi » qui va parfois jusqu’au sacrifice et nous fait oublier trop souvent que nous sommes aussi importants que les autres.

On aime ainsi donner, de notre temps, de notre argent, de notre écoute, de notre compassion, de notre amour bien sûr, et c’est tellement bon ! Bien inconsciemment pourtant, on nourrit involontairement notre besoin d’exister, d’être apprécié, aimé, reconnu… fruit de nos manques structurels personnels, l’Autre étant plus important, davantage digne d’être aimé et aidé que soi. Il est difficile de se donner à soi-même autant que l’on offre aux autres, car souvent on ne s’aime pas suffisamment pour cela, nous ne sommes pas assez « aimables » pour mériter que l’on s’occupe de nous et encore moins que les autres puissent nous considérer. Conditionnement, habitudes, éducation… héritage transgénérationnel.

Il est bien difficile voire gênant pour certains de recevoir, comme si l’on était indigne du cadeau, trop pour nous, nous ne sommes pas assez « bien », cela peut même paraître suspect, on attend forcément un retour de notre part. Comme nous sommes davantage centrés sur notre image et ce que l’on pense de nous que sur l’acte lui-même, nous passons à côté du bonheur de recevoir et du plaisir d’offrir. Donne-t’on pour recevoir ? Refuse-t’on de donner par peur de manquer ou d’être trahi ? Est-ce indécent de recevoir car je ne mérite pas ? Autant de questions qui méritent d’être posées, le moment venu, juste pour démasquer les programmes bloquants qui se cachent et empêchent la loi de l’attraction et de la fluidité de se manifester.

Nous pouvons parfois avoir peur d’être redevable à quelqu’un qui nous donne quelque chose, c’est oublier que l’Univers ne calcule pas ainsi : on donne (devrait donner) pour le plaisir, non pas pour ce que cela peut coûter ou rapporter, ce plaisir devient une énergie qui alimente la loi de la cause à effet, la grande loi de l’attraction. Ainsi, ce que l’on donne avec le coeur nous reviendra au centuple, mais pas nécessairement par le biais de la personne à qui nous avons offert quelque chose ; c’est un concept un peu nouveau et très embarrassant pour le mental qui n’a pas eu l’habitude de fonctionner ainsi.

Certains n’aiment pas donner, par peur de manquer, par absence de générosité ou pour dominer ; d’autres sont trop généreux, souvent pour être appréciés, sans trop aimer être remerciés… et il y a ceux qui ne souhaitent pas recevoir, gênés par la démarche. Dans tous les cas, cette absence de fluidité empêche l’énergie de circuler, bloque le processus naturel de l’abondance, Il nous faut dépoussiérer nos programmes et entretenir davantage de spontanéité dans nos élans. Cela s’apprend, cela se cultive, avec plus de conscience dans les moments où les vieux réflexes refont surface, pour se focaliser sur la joie de donner, d’offrir, de recevoir, dans une gratitude qui vient du fond du cœur.

C’est le principe même du libre échange, de la libre circulation de l’énergie sous toutes ses formes, dans la bienveillance, le détachement, le désintéressement, bref la joie réciproque qui nous remplit de satisfaction profonde, seule façon de rendre pur et durable le bénéfice de ce Don. Et bien sûr il commence par soi-même : comment peut-on prétendre donner aux autres ce que l’on ne sait offrir à cet être en besoin que nous sommes ? Du temps, de l’attention, du soin, de la bienveillance, de la patience et beaucoup, beaucoup d’amour. Oui, il faut commencer par s’aimer, avec nos pleins et nos déliés, nos atouts et nos faiblesses, nos qualités et nos défauts, s’apprécier quoi qu’on soit et quoi qu’on fasse : c’est notre challenge quotidien que de s’améliorer petit à petit, avec toutes nos programmations contraignantes, nos conditionnements qui servent rarement nos propres intérêts, nos habitudes néfastes plus rapides que notre conscience, notre boîte mentale et nos comportements impulsifs qui nous jouent bien des tours…

Notre attention quotidienne est encouragée à être un peu plus portée sur des attitudes davantage pertinentes avec nos besoins et nos limites : si l’on me demande quelque chose (du temps, de l’aide, de l’argent, de l’écoute…), suis-je vraiment en mesure, en état de répondre par l’affirmative alors que je n’ai pas le temps/l’envie/les moyens/l’énergie ? En étant honnête avec soi même ce sera de plus en plus facile de détecter la vraie motivation intérieure qui nous fait quand même dire oui alors que ce n’est pas juste : besoin de reconnaissance, d’exister aux yeux des autres, d’être utile/important/apprécié/aimé/accepté, envie de briller un peu, qu’on nous trouve fantastique parce que toujours disponible, joyeux, empathe, débordant d’énergie, le cœur décidément gros comme ça… c’est sans doute vrai, mais à quel prix ? à quel détriment pour soi ?

Il est temps d’être un peu plus honnête avec soi-même pour ne plus donner (trop) ce que nous n’avons pas assez pour nous, ce n’est pas être égoïste, c’est davantage se donner à soi d’abord car personne d’autre souvent ne s’en occupe, se remplir et enfin donner tout ce qui déborde, quand ça déborde. Lorsque les êtres humain commenceront vraiment à s’aimer tels qu’ils sont, certes perfectibles, le monde entier pourra changer car de moins en moins d’êtres se nourriront de l’effet qu’ils ont sur les autres, leurs pouvoirs, leurs possessions, au profit de cette richesse intérieure grandissante, si pure et durable, à laquelle nous devons tous aspirer car nous sommes tous issus du même soleil, quel que soit notre physique, nos richesses extérieures, et nos blessures avec lesquelles il faut bien composer chaque jour.

Dans l’échange sain, la gratitude pourra au fond être la même : la joie profonde que procure le fait de donner tout autant que de recevoir, l’amour circule, inconditionnel, sans intérêt, sans calcul, sans attente, sans contrôle, sans stratégie, sans question… chacun s’enrichit de l’échange et se gratifie mutuellement.

Recevoir, c’est aussi autoriser la joie de celui qui donne, tout aussi précieuse, quelle que soit la valeur ou l’importance du don. Semons, en ce renouveau printanier, des graines de bonheur dans Notre Coeur !

 « Recevoir est un acte de générosité.

En acceptant de recevoir, tu permets à l’autre de te rendre heureux…

et tu le rends heureux à son tour ».

Paolo Coelho

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